
Je reprends la route aujourd’hui après une journée de repos, direction Futagawa, en passant par Arai. J’avoue que c’est une partie de la route que je n’avais pas trop explorée en préparant mon voyage et c’est donc sans attente particulière que j’aborde les 20 km prévus aujourd’hui. Premier constat en me levant, la journée est grise et il pleut, comme annoncé la veille par la météo nippone.
C’est donc la capuche sur la tête que je me mets en route pour la traversée du Lac Hamana. Une série de ponts reliant de petits ilôts me permet, au terme d’une marche d’environ 5 km, de me retrouver sur la rive ouest du Lac, non sans avoir pu observer les équipements en place sur le lac pour la culture des huîtres et la pêche à l’anguille. Les techniques utilisées ressemblent un peu aux vieilles techniques que l’on utilise encore dans le Bas-Saint-Laurent dans la région de Kamouraska (pêche à fascines). C’est curieux d’observer ici une technique assez similaire à celle utilisée dans le temps par les Amérindiens.
Une fois sur la rive ouest du Lac, je croise la voie de chemin de fer du Shinkansen, le train rapide, avant d’entrer dans la petite ville d’Arai, la 31ème station du Tokaïdo. Arai avait ceci de particulier qu’il y avait, comme à Hakone, un poste frontière (ou poste de contrôle) sur la route du Tokaïdo. Ce poste est encore parfaitement préservé et c’est avec une certaine émotion que je passe à mon tour le grand portique de bois franchi depuis plus de 400 ans par des milliers de voyageurs sur la route du Tokaïdo.
S’ensuivent quelques kilomètres le long de la route nationale avant de m’écarter de celle-ci direction Shirazuka. En quelques minutes, me voici de nouveaux en pleine forêt. C’est le retour des petits chemins sinueux (des côtes assez raides également), mais quel charme de traverser les bois sous la pluie. Les odeurs de mousse humide me rappellent instantanément les longues marches de mon enfance dans les forêts luxembourgeoises. Les ancrages olfactifs, c’est puissant! La traversée du petit village de Shirazuka marque la fin des averses. Le village est désert et ressemble à un village fantôme…
La route du Tokaïdo rejoint ensuite Futagawa, la 33ème station du Tokaïdo. Quelle belle découverte! De nombreuses maisons datent de l’époque Edo (de 1600 jusqu’au milieu du 19ème siècle) et j’ai l’occasion de visiter notamment la maison Komaya, un commerce constitué de huit bâtisses parfaitement préservées, et qui vendait déjà du riz aux voyageurs le long de la route du Tokaïdo en 1691. Les bâtiments sont restés comme à l’époque, avec quelques rénovations bien sûr. 400 mètres plus loin, c’est toute une auberge d’époque transformée en un superbe musée qui retrace l’histoire de Futagawa comme station de repos le long de la route du Tokaïdo. L’ensemble de l’auberge a été restauré et on peut visiter chaque pièce de ce complexe, dont une partie était réservée aux nobles (Futagawa Shuku Honjin) et une autre aux « gens ordinaires » (Hatagoya Seimeiya). Ce complexe magnifique a accueilli les voyageurs de 1807 à 1870. C’est aujourd’hui un musée qui vaut le détour!
Après cette visite, j’arrive enfin dans les environs de la gare de Futagawa après 22 km de marche. Je m’octroie une petite pause de ravitaillement. Le moral est excellent et le physique au beau fixe. Alors Go! Je décide de m’avancer un peu pour mon étape de demain, et me revoici parti pour 8 km supplémentaires, qui me mènent finalement plus loin que prévu. Je fais étape à Toyohashi, ce qui allègera ma route de demain.
Le bilan de cette journée : extrêmement positif, malgré la pluie : lac, vue sur la mer embrumée, passage du poste d’Arai, collines, forêt, bâtiments d’époques, visite d’un musée magnifique, 30 km de marche, le tout ponctué d’un skype avec Isa qui m’a accompagné dans une partie de ma marche… Je suis très satisfait de ma journée… et aussi fatigué!
Merci à vous de me suivre dans mon périple et, n’oubliez pas, cette action est aussi une action menée en faveur de Continents Pluriels pour les enfants défavorisés. Si vous n’avez pas encore contribué et que vous aimez lire mes textes et regarder mes photos, et bien, ce serait un bon moment non? Pour soutenir les actions concrètes de Continents Pluriels qui changent la vie des enfants, cliquez ici.
À bientôt !
Nicolas