Le Tōkaidō

La route du Tōkaidō, reliant Edo (l’actuelle Tokyo) à Kyoto en passant par le littoral, représente une distance totale de 500 kilomètres environ, que les voyageurs du XVIIe siècle mettaient pratiquement deux semaines à parcourir, à pied la plupart du temps, mais aussi à cheval, en logette de bambous tressés (kago) ou en palanquin (norimono), selon l’aisance plus ou moins grande des voyageurs.

Cette route est la plus connue des « Cinq Routes » du shogunat Tokugawa. Ces « Cinq Routes » (五街道, Gokaidō) sont les cinq voies majeures (街道, kaidō) qui partaient d’Edo (aujourd’hui Tokyo) pendant la période Edo, et dont la plus importante est la route du Tōkaidō.

Le shogun Tokugawa Ieyasu commença en 1601 la construction de ces cinq routes de façon à augmenter son contrôle sur le pays, mais c’est Tokugawa Ietsuna, quatrième shogun du shogunat Tokugawa et petit-fils de Ieyasu, qui les proclamera « routes majeures ». De nombreux relais (宿場, shukuba) sont installés tout au long des routes pour permettre aux voyageurs de se reposer et de se ravitailler.

Le tracé initial du Tōkaidō remonte au XIe siècle, et faisait partie des sept « circuits » ou régions administratives qui divisaient le Japon en étoile en partant de Kyoto dans le système des « Cinq provinces et sept circuits » (五畿七道, Gokishichidō) ; la route prend toute son importance à l’ère Edo, à partir de 1603, compte tenu du pouvoir central fort désormais installé à Edo avec les shōgun Tokugawa. Elle part du pont Nihonbashi (日本橋« le pont du Japon ») à Edo, pour se terminer au pont Sanjō Ōhashi (三条大橋), à Kyoto. Elle était jalonnée de cinquante-trois relais distants en moyenne de quatre ri (une unité de longueur représentant environ 2 km).

À l’ère Edo, la route est fréquentée en particulier par les daimyō, astreints par le système du sankin-kōtai à résider un an sur deux à Edo, où ils doivent d’ailleurs laisser leur famille en otage, car le pouvoir shogunal se méfie d’eux après la longue période de guerre civile dont le pays sort à peine. Ce système coûte aussi fort cher aux daimyō, contraints d’entretenir deux résidences, et d’emmener avec eux leur suite, qui peut compter de cent à deux mille personnes. Mais la route est parcourue par bien d’autres voyageurs : marchands, pèlerins et bonzes, et même touristes.

Les relais sont souvent situés dans des sites pittoresques, ou près de sanctuaires bouddhistes ou shinto, et offrent, non seulement des auberges pour passer la nuit, mais aussi des restaurants ou des commerces vendant des spécialités locales. On y trouve aussi tout l’indispensable pour voyager dans de bonnes conditions : écuries, palefreniers, portefaix, guides…

Aujourd’hui, des portions de l’ancienne route subsistent, mais l’urbanisation a bien entendu fait son oeuvre et de nombreuses portions du Tōkaidō traversent aujourd’hui les villes qui s’étendent de Tokyo à Kyoto. D’autres portions traversent la campagne et les villages, offrant notamment en cours de route des points de vue uniques sur le littoral et le Mont Fuji.


Les 53 étapes du Tōkaidō

[consultez la carte ici]

  • Départ : Nihonbashi (日本橋) à Edo, ancienne province de Musashi, actuellement arrondissement de Chūō à Tokyo.
  • Shinagawa (品川) dans la préfecture de Tokyo
  • Kawasaki (川崎), préfecture de Kanagawa : rive sud de la Tama-gawa (多摩川, Tamagawa?) également appelée rivière
  • Rokugo (六郷川, Rokugōgawa?)
  • Kanagawa (神奈川)
  • Hodogaya (程ヶ谷, 保土ヶ谷) ancienne province de Musashi
  • Totsuka (戸塚) ancienne province de Sagami
  • Fujisawa (藤沢)
  • Hiratsuka (平塚) rive ouest de la Sagami (相模川, Sagamigawa?)
  • Ōiso (大磯)
  • Odawara (小田原)
  • Hakone (箱根) ancienne province de Sagami, actuellement préfecture de Kanagawa : Il y avait un poste frontière à la Passe de Hakone.
  • Mishima (三島) ancienne province d’Izu, actuellement préfecture de Shizuoka
  • Numazu (沼津) ancienne province de Suruga
  • Hara (原) inclus maintenant dans Numazu
  • Yoshiwara (吉原) inclus maintenant dans la ville de Fuji : rive est de la Fuji (富士川, Fujikawa?)
  • Kanbara / Kambara (蒲原) maintenant une enclave de l’arrondissement de Shimizu-ku
  • Yui (由井, 由比)
  • Okitsu (興津) inclus maintenant dans Shimizu-ku
  • Ejiri (江尻) maintenant dans la ville de Shizuoka
  • Fuchū / Sunpu (府中 / 駿府) maintenant dans la ville de Shizuoka : rive est de l’Abe (安倍川, Abekawa?)
  • Mariko / Maruko (鞠子 / 丸子) maintenant inclus dans Shizuoka
  • Okabe (岡部)
  • Fujieda (藤枝)
  • Shimada (島田) ancienne province de Suruga : rive est de l’Ōi (大井川, Ōigawa?)
  • Kanaya (金屋, 金谷) ancienne province de Totomi : maintenant inclus dans Shimada : rive ouest de la rivière Oi
  • Nissaka (日坂) inclus maintenant dans Kakegawa
  • Kakegawa (掛川)
  • Fukuroi (袋井)
  • Mitsuke (見附) actuellement Iwata
  • Hamamatsu (浜松): rive ouest du fleuve Tenryū (天竜川, Tenryū-gawa?)
  • Maisaka (舞阪) inclus maintenant dans Hamamatsu
  • Arai (荒井, 新居): Il y avait un poste frontière à cet endroit, comme à Hakone.
  • Shirasuga / Shirasuka (白須賀) ancienne province de Tōtōmi, maintenant inclus dans Kosai, préfecture de Shizuoka
  • Futakawa / Futagawa (二川) ancienne province de Mikawa, maintenant inclus dans Toyohashi, Préfecture d’Aichi
  • Yoshida (吉田) actuellement Toyohashi
  • Goyu (御油) maintenant inclus dans Toyokawa
  • Akasaka (赤坂) maintenant inclus dans Otowa
  • Fujikawa (藤川) maintenant inclus dans Okazaki
  • Okazaki (岡崎)
  • Chiryū / Chirifu (地鯉鮒, 知立) ancienne province de Mikawa
  • Narumi (鳴海) ancienne province d’Owari maintenant inclus dans Nagoya
  • Miya (宮) ancienne province d’Owari, actuellement inclus dans l’arrondissement d’Atsuta à Nagoya, préfecture d’Aichi : le trajet s’effectuait en bateau, entre Miya et Kuwana, en baie d’Ise, pour éviter de devoir franchir les deux fleuves Kiso et Ibi, et la rivière Nagara.
  • Kuwana (桑名) anciennement province d’Ise, actuellement préfecture de Mie
  • Yokkaichi (四日市)
  • Ishiyakushi (石薬師) maintenant inclus dans la ville de Suzuka
  • Shōno (庄野) maintenant inclus dans Suzuka
  • Kameyama (亀山)
  • Seki (関) maintenant inclus dans Kameyama
  • Sakanoshita (坂ノ下) ancienne province d’Ise : inclus dans Seki jusque 2005, a fusionné avec Kameyama, préfecture de Mie : sud-est de la passe de Suzuka
  • Tsuchiyama (土山) ancienne province d’Ōmi, actuellement inclus dans Kōka, préfecture de Shiga : sur-ouest de la passe de Suzuka
  • Minakuchi (水口) maintenant inclus dans le district de Kōka
  • Ishibe (石部) maintenant inclus dans Kōka
  • Kusatsu (草津)
  • Ōtsu (大津) ancienne province d’Ōmi, actuellement préfecture de Shiga
  • Arrivée : Kyoto (京都, parfois ‘Keishi’, 京市) ancienne province de Yamashiro, actuellement préfecture de Kyoto

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